Nouvelle vie, nouvelle moi ... [BROUILLON]
La lueur du jour caressait à peine les feuilles vertes de la forêt d’Elwynn, seulement quelques oiseaux chantaient et je pouvais apercevoir un daim près d’une rivière non loin de moi. Il devait être six heure du matin, je n’avais, comme d’habitude, que peu dormi. A peine le temps de saluer ma famille, ou du moins ceux déjà réveillés, et de jeter un bref coup d’œil à mon journal, que j’étais déjà sur la route. Je courais pour rejoindre cette région dont m’avait parlé Farley, l’aubergiste du Comté-de-l’or. J’étais chargée de transmettre une lettre et une sacoche à un de ses confrères à la Marche de l’Ouest. Je n’y étais jamais allée, certains m’avaient raconté que l’accès pouvait être difficile et d’autres, au contraire, parlaient d’un chemin calme et féérique. J’étais quelques peu anxieuse… Je me savais encore jeune et sans beaucoup d’expérience mais j’étais bien consciente de ma grande ambition et comptais sur celle-ci. J’avais déjà bien entamé mon voyage, je sentais mon cœur s’emballer à sauter les barrières, les buissons et les rochers qui barrais la route. Une sensation étrange et extrêmement agréable, c’était comme si j’étais libre. Je ne pensais plus qu’à l’air qui fouettait mon visage. Et cette musique délicieuse... Les arbres défilaient, je courais vite mais j’arrivais malgré tout à guetter les bêtes environnantes. Le soleil était bientôt à son zénith, je décidais d’accélérer. Quelque chose me heurta et m’arrêta net. Un animal, un ours. Aussi énorme que terrifiant, il était là devant moi et me fixait. Je ne savais si je devais fuir ou affronter la bête. J’eu à peine le temps de distinguer l’aura rougeâtre que dégageait l’animal que celui-ci s’apprêtait à charger. Il était top tard pour fuir, j’accrochais la sacoche de cuire a ma taille et serrais fort la lettre entre mes dents avant de dégainer mon bâton. Mon cœur battait la chamade, pas le temps de penser, je rassemblais toutes mes forces pour lancer l’incantation de mes sorts. J’étais bientôt à cour de pouvoir, l’ours était trop fort, je compris que je ne pourrais le tuer. Je tentais tout de même de le ralentir, voir de l’épuiser. C’était trop dur, je n’avais plus longtemps à vivre alors je décidais de courir pour m’enfuir. Après seulement quelques mètres, l’animal à bout de force, abandonna. J’essuyais les gouttes de sang tombées sur le papier et me dirigeais vers un village proche d’ici, je décidais d’y faire halte le temps de reprendre des forces et de penser mes blessures. J’achetais seulement cinq pommes au maraîcher, je n’avais pas assez d’or pour m’acheter du lait alors je fis route vers un petit lac pour y remplir ma gourde d’eau de source. J’étais assise sur la rive et soignais mes dernières blessures. Les quelques traces de sang restantes sur mes avant-bras rosissaient ma peau à l’origine violine.
Le soleil devenait gênant, se reflétant sur l’écran lise. Les minutes et les heures défilaient à vive allure, pourtant mon corps ne ressentait ni fatigue ni même douleur. Mais un cavalier en armure interrompît mes songes. C’étaitAëssyndar, un ami de longue date. L’homme me lançait un bonjour enthousiaste tout en posant le pied à terre. Nous ne faisions pas parti de la même famille, la mienne était moins renommée, moins connue. Mais j’espérais pouvoir faire parti de la sienne, un jour. « Salutation Snotra, que faites vous dans ses bois ombrageux ? » M’interpela-t-ilavec un grand sourire. Je restais muette et frottais en vain les dernières tâches de sang. « Vous avez besoin d’aide peut-être ? Je ne suis pas sûr que ces bois conviennent à une jeune fille comme vous. Mais vous êtes blessée ? Je vais vous accompagner hors d’ici. – Merci mais ceci n’est pas nécessaire, j’arriverai bientôt à la Marche de l’Ouest. – J’insiste, ce chemin n’est point sûr, j’aimerais vous accompagner vraiment. Je vous le demande comme un service, mon esprit ne serait pas tranquille vous sachant seule dans ces bois lugubres. »
Il retirait son gant gauche pour me présenter sa main amicale. Il paraissait bienveillant et affectueux malgré sa lourde armure et son épée flamboyante accrochée à sa hanche. Je saisis sa main qui me tira délicatement vers lui, et il me fit monter sur son cheval. Nous étions maintenant en chemin et le soleil entamait sa descente derrière les derniers arbres de la forêt d’Elwynn. Nous allions si vite, j’avais un peu peur et serrais fort mon torse contre le dos du paladin pour ne pas tomber. Cette sensation étrange de liberté s’amplifiait chaque seconde. Le paysage changeait progressivement, la verdure laissait peu à peu place à l’aridité, les arbres perdaient leurs feuilles. Sortis de la pénombre des bois la chaleur caressait nos corps froids. Je distinguais une ferme à quelques pas de nous, j’étais heureuse et rassurée, enfin à destination et Aëssyndartoujours à mes côtés. La porte en bois nous faisait face, elle était entrouverte et grinçait au souffle du vent. Il faisait presque nuit et la fraîcheur se faisait sentir, je tapais trois coups francs sur la porte massive ce qui l’ouvrit un peu plus et laissa dévoiler un homme. « Entrez, entrez. Venez vous réchauffer près du feu. » Nous proposa le paysan. Nous nous inclinions, Aëssyndar et moi, pour lui montrer notre gratitude. « Vous devez être Snotra c’est ça ? Farley m’a annoncé votre arrivée. – Oui Monsieur, j’ai la sacoche et la lettre juste ici, je décrochais la sacoche et saisissais la lettre pour les lui tendre, les voici. – A merci beaucoup. » Il sortait de sa poche une petite bourse de cuire usée et me dit : « Mon ami Farley m’a demander de vous remettre cette somme en gage de votre aide. » Je pris la bourse et le remercia. Un bruit de pas résonnait, comme dans un escalier, étrange la ferme était de plein pied. Mais personne ne paraissait intrigué, peut-être même qu’ils ne l’entendaient pas.
Désormais seule la lumière légère de la lune éclairait les pierres du seul chemin de la région. Avant de passer la porte l’homme de la ferme me demanda si je pouvais l’escorter jusqu’à Ruisselune. Un village pillé, peuplé de voleurs et traîtres de l’Alliance. J’acceptais volontiers en lui effectuant un signe de tête affirmatif. Aëssyndarfermait la porte derrière lui et me pris par le poignet pour me prononcer ces paroles : « Je dois, maintenant, partirSnotra. N’hésitez pas si vous avez besoin d’aide surtout. » Il se retourna vers le fermier pour s’incliner de nouveau et déposa un dernier baiser sur mon front. L’exquise musique devenait nostalgique mais gardait une grâce incomparable. Je suivais le paysan en route pourRuisselune. Tout d’un coup en plein milieu du chemin la nuit était devenue si noire que je ne voyais plus rien. Même la lune avait disparu.
J’entendis frapper à la porte de mon appartement, je saisis mon portable pour m’éclairer réalisant ainsi les vingt-huit appels manqués et le seize messages non lus. « Police, ouvrez » je sentais mon cœur cogné dans ma poitrine. J’ouvrais la porte après avoir rétabli le courant. « Bonsoir vous êtes bien Loïc Siron ? – Oui, je répondais le corps entier tremblant, c’est moi. Que ce passe-t-il ? – Après une demande de votre famille et de vos amis nous sommes passés vérifier votre présence à votre domicile et voir s’il y avait lieu de lancer un avis de recherche. Vous ne répondiez ni à vos appels, ni aux personnes qui sonnaient à votre porte. Cela fait maintenant plus d’une semaine que vous n’allez plus à la fac d’après vos professeurs. A l’avenir souciez vous un peu de votre entourage. Au revoir. »
La porte résonnait comme une claque sur ma joue. Je ne bougeais plus. J’étais gros, je ne m’étais pas lavé depuis plus d’une semaine. Les messages d’inquiétudes s’étaient transformés en messages de colère. J’avais perdu mes amis, ma famille. Foutu en l’air mes études. Et tout ça pour quoi ? Pour un jeu, World of Warcraft m’avait renducyberdépendant. Je ne pouvais plus m’en passé, c’était trop tard. J’étais pitoyable allongé sur le sol, les yeux brillants, le souffle rapide. Et cette musique impénétrable qui sonnait dans ma tête me plongeait dans un désespoir profond.